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Voix Africaine

Le Griot des Etats Unis d'Afrique

L'union africaine, défaillance du système ou incapacité?

 

BILLET D’HUMEUR N° 4

 

 

 

 

L’UNION AFRICAINE : DEFAILLANCE DU SYSTEME OU

INCAPACITE ?

 

Au regard de la crise Ivoirienne, je prends le risque de dire que l’Union Africaine, depuis la feue O.U.A. (l’Organisation de l’Unité Africaine) qui comme son nom l’indiqua eut pour vocation «d’organiser» la création d’une entité à l’instar d’autres grands ensembles, lui servant d’exemples, l’Union Africaine, d’aujourd’hui, dis-je, ne nous a pas fait oublier ce que fut l’OUA en son temps avec ses tares institutionnelles. Nous avons encore à l’esprit le qualificatif de «syndicats» de Chefs d’Etats Africains qu'on lui avait affublé dans certains milieux «politiquement corrects » Encore que… !

La gestation de cette dernière (l’OUA) eut à subir les convulsions de la confrontation du Communisme flanqué d’utopies rêveuses, et de ce que l’on appelait l’Impérialisme capitaliste avide de reconquête des empires coloniaux perdus à la faveur de l’avancée de l’Histoire des peuples, à travers le monde, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale jusqu’à la «disparition» du mur de Berlin, en Novembre 1989, qui séparait les deux Allemagnes de l’époque.

 

Donc, entre 1963, date de création de l’OUA (Organisation de l’Unité Africaine), et Novembre 1989, date de la destruction du mur de Berlin, entraîna l’effondrement du Communisme, destruction dont la spontanéité brutale, dans le sens politique du terme (à l’image des révolutions de certains peuples arabes autour de la Méditerranée, actuellement,) bouleversa, renversa et fit s’écrouler, comme un château de cartes, ces deux grands systèmes idéologiques qui s’étaient partagé le monde. L’idéologie marxiste (à la recherche du temps perdu…) fut le creuset béni d’où allèrent s’abreuver un certain nombre de leaders politiques de l’Afrique en voie d’émancipation. Tournant le dos, ainsi, aux valeurs culturelles africaines dans leur ensemble. Ce qui, sans aucun doute, précipita l’Afrique dans l’engrenage aventureux qui la conduisit à sacrifier «son» Histoire, «ses» valeurs Culturelles au profit d idéologies «importées». Et j’appelle cela : le scandale de la trahison.

 

C’est vrai : nous n’allons pas refaire ni réécrire l’Histoire ! Cependant, dès lors que des intellectuels africains, à la recherche de notoriété personnelle, sans grande envergure, en Afrique ou à l’extérieur de celle-ci, s’engouffrèrent dans le nouveau piège de «colonisation positive», hypothèse ou argument dont la finalité n’est autre que de nous divertir, n’est-il pastemps pour l’Afrique, au travers de ce grand ensemble qu’est l’Union Africaine, de se poser des questions de fond ?

 

De mon point de vue, il s’agit de ses institutions, de leurs défaillances dont le corollaire est l’incapacité notoire à relever les défis économiques, sociaux, politiques inhérents à la volonté de stabiliser les Etats, et surtout d’installer des paix durables au sein de ceux-ci. Je ne pense pas être le premier- et je ne serai pas le dernier- à avancer ces constats. J’ajouterai, simplement, que le problème n’est pas d’évacuer en perte et fracas les acquis fondamentaux de l’Histoire des relations de l’Afrique avec les anciens colonisateurs. Le problème qui se pose, à l’Afrique toute entière, c’est celui de penser une autre voie qui l’affranchisse de la tutelle à tous les niveaux, et dans les domaines, de ce que furent ses attaches paternalistes d’avec ses anciens «maîtres». Le problème n’est pas non plus, pour l’Afrique, de s’époumoner à la recherche (que sais-je… !) d’un paradigme labellisé «africain» concurrentiel, qui allia modernité et culture, dans le sens philosophique et anthropologique de ce mot : Culture. Il suffit de nous mettre au travail d’interroger, en profondeur, notre passé de l’homme africain, qu’il soit Manding, Swahili, Bantou, Peul, Wolof, etc., etc.…. Il nous faut sortir de l’hypocrisie africaine, qui consiste à se gargariser du mot de démocratie alors que l’analphabétisme frappe 80% des populations du continent. Allez donc expliquer à une femme, qui, du matin au soir, ne connaît que son pilon et son puits de 50 mètres de profondeur d’où elle tire, au bout d’une corde, son sceau en plastique d’eau pour ses besoins domestiques à longueur de journée, allez donc en l’état lui parler de démocratie.

 

Il y a, aujourd’hui, en Afrique, des acquis de développement suffisamment probants pour ne pas en tenir compte de manière éclairée. Nous savons que toute fonction émancipatrice, du sommet à la base d’un peuple et ses sociétés composantes, nécessite son élargissement tant son potentiel aussi bien humain qu’économique garantisse cet élan. La démocratie n’échappe pas à cette règle. Comment situer, parler, d’émergence en Afrique lorsque les champs politiques où s’exerce la démocratie, ou devrait l’être, sont je cite : «des lieux comparables aux forêts de bois sacré » (cf.) réservé aux seuls initiés, où les peuples en sont exclus, ainsi que l’écrit Aminata TRAORE, ancienne Ministre de la Culture, Essayiste au Forum pour un Autre Mali, dans un article publié dans le premier numéro mensuel de : Afrique Démocratie du mois de Février 2011 ? La résultante : c’est ce à quoi le monde entier assiste, actuellement. Ce sont les déferlements de révoltes des peuples arabes : en Afrique, en Arabie, au Moyen Orient, initiées par la génération des NTDCI- (Nouvelles Technologies de Communication et d’Information) qui refuse l’inacceptable mise à l’écart, et de n’être que des sujets qui n’ont droit à leur part de gâteau qu’au bon vouloir de dirigeants corrompus, et surtout de privation de liberté d’expression : l’un des piliers de la démocratie. Face à ces évènements, l’exigence forte de celle-ci en Afrique n’est plus à démonter ; mais plutôt qu’elle est face aux périls démocratiques, conséquences de sa faiblesse, de sa défaillance et de son incapacité à gérer ses propres problèmes. Nous assistions à une reculade démocratique en Côte d’Ivoire, qui a fait le lit d’aventures peu recommandables, de comportements paranoïaques, de culture de haine alimentée de xénophobie avec des relents antireligieux sous le parapluie de «clientélisme politique». L’Union Africaine se devait de régler cette crise de manière exemplaire. Ce qui ne fut pas le cas. La question est : pourquoi avoir joué la carte de la prudence et de l’improvisation du panel de Chefs d’Etat, remède tiré du chapeau (caricature des palabres africaines), ce qui comme tout le monde le sait n’a fait que faire gagné du temps à Laurent GBAGBO, le boulanger qui, d’ailleurs, est dans le pétrin maintenant. Pourtant, l’Union Africaine dispose d’instruments juridiques auxquels elle aurait pu s’adosser comme le protocole de la bonne gouvernance ou «le protocole sur la démocratie» lesquels n’excluent pas le recours des forces comme l’Ecomog pour rétablir la démocratie.

 

Mais, il ne vous a pas échappé que c’est l’argent le nerf de la guerre. De ce point de vue-là, la défaillance est à son summum au sein de l’UA, du fait que la morale et la responsabilité politiques, à ce niveau de conscience hautement politique, ne sont pas partagées par tous les Etats avec le même élan de vision sur l’avenir de l’Afrique, dès lors que certains ne respectent pas leur engagement du Devoir de financement des institutions de l’UA qui leur échoit. A partir de là, ne soyons pas surpris ni étonnés de l’incapacité notoire de ce grand ensemble qui regroupe 52 Etats, recourir fréquemment à l’ONU (Organisation des Nations Unies). La légitimité de celle-ci étant incontestée et incontestable à la fois juridiquement et politiquement ; puisque représentative d’un gouvernement mondial dans les faits– les 52 Etats Africains faisant partis des 192 qui la composent- l’ONU applique les Droits et Devoirs de la Charte, auxquels leurs adhésions furent paraphées aux noms de leurs peuples respectifs, ayant, tous, apposé leurs sceaux dans le cadre des Juridictions Internationales qui régissent celles-ci.

 

Hors les Etats-Unis d’Afrique : «il n’y a point de salut pour l’Afrique» dixit le Président Abdoulaye WADE (cf.). Le préalable, c’est d’abord la création d’un gouvernement de l’Union Africaine, dont le corollaire est le panafricanisme et son pendant culturel africain. Ce panafricanisme culturel africain ne doit pas être circonscrit aux seules limites de l’érection d’un monument symbolisant la renaissance de la culture africaine, mais s’inscrivant dans la dynamique du mouvement de cet idéal panafricanisme politique. Hélas ! Nous sommes encore loin de la coupe aux lèvres, tout en restant optimistes.

 

 

La singularité des Dirigeants Africains actuels, c’est leur divergence chronique est teintée, de sentiments affectifs et amicaux, entre eux, dont la nature échappe totalement aux citoyens lambda quant aux prises de décisions qui donnent sens et crédibilité à l’Union Africaine. Et de ce fait aboutissent, le plus souvent, aux échecs dans certaines de leurs entreprises et font régresser la démocratie en Afrique. La crise Ivoirienne, avec ses conséquences de drames humanitaires, sous nos yeux, est malheureusement l’illustration de mes propos.

 

Ah ! Il est loin les temps des fondateurs du panafricanisme, dont le porte étendard : Kwamé NKRUMAH avait bâti ce phénoménal idéal sur le socle de la démocratie. Nous nous réjouissons que cet idéal, longtemps rangé dans les oubliettes, soit aujourd’hui à la lumière du jour, à l’heure où le projet de création des Etats-Unis d’Afrique reste, plus que jamais, d’actualité.

 

Le 13 Avril 2011

 

Mamadou Jean-Michel KOUROUMA

 

 

 

 Correspondant de VOIX AFRICAINE pour le SENEGAL

 

 

 

 

 

 

 

 

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