30 Octobre 2009
Mille milliards seront injectés pour relancer la croissance et l'emploi. C'est l'annonce faite, le jeudi 2 Avril 2009, du triplement des ressources du Fond
Monétaire International(FMI), outre la dénonciation faite, à Lyon, des paradis fiscaux . Quant à l'aide aux Pays Pauvres Endettés(PPE), les Etats Unis se sont engagés de prendre la tête du
dossier.
Après ces annonces spectaculaires, l'Afrique va-t-elle y trouver son compte ?
Toutes ces promesses seront-elles suivies d'effet ?
Est-ce que certaines décisions peuvent profiter à l'Afrique ?
On est en droit de se poser la question de savoir si ce G20 ne s'est pas pas moquer de l'Afrique, particulièrement les Pays de l'Ouest Africain.Car, augmenter les ressources du FMI ou de la BM, est-ce que cela aiderait les problèmes des producteurs africains ? Comment peut-on comprendre que le G20 prenne des décisions sans consultations préalables avec les pays africains, quand bien même le G20 fut élargi aux représentants du NEPAD, de l'Afrique du Sud, et au Président de la Commission de l'Union Africaine.
Tous ceux qui applaudissent ces décisions n'engagent qu'eux-mêmes, car ils savent pourquoi ils applaudissent .
Il faut savoir qu'il y a eu la crise énergétique, et on a vu la mobilisation autour de cela; il y a eu la crise financière, avec le même engouement de mobilisation. Quant à la crise alimentaire on a pas vu de mobilisation sérieuse.
Augmenter les ressources du FMI ou de la BM ne veut pas dire venir systématiquement en aide aux producteurs africains pour lutter contre la pauvreté.
Quelles sont les véritables plans qui ont été élaborés en faveur du monde rural ? Il ne suffit pas d'augmenter les ressources du FMI pour dire : nous allons lutter contre la pauvreté en Afrique et aider les pays pauvres. Cela constitue une aberration d'excès d'optimisme.
Il eut fallu sortir des plans cohérents pour juguler cette crise alimentaire que nous traversons en Afrique. Il y a eu, par le passé, des promesses d'aides, maintes fois renouvelées. Les besoins du continent africain ne se résument pas uniquement à l'aide financière.L'Afrique a d'autres préoccupations, d'autres enjeux d'équipement; d'autant que l'aide est très mal distribuée, et ne fait qu'engouffrer les pays dits pauvres dans un cercle infernal. Ce qui nous fait dire, d'ailleurs, que l'aide est un leurre de ce point de vue. Car, il faut savoir qu'il n'y a que le FMI et la BM qui entretiennent de telle relation. Le réalisme devrait être ceci: c'est que quand vous empruntez de l'argent dans une institution financière de la place vous avez le droit d'utiliser pour vos projets.Il n'y a que le FMI et la BM qui obligent et qui dictent aux Etats africains ce qu'il faut faire de ces ressources-là . Les années 80-90 sont jonchées d'obligations de restructurations budgétaires imposées par le FMI et la BM, qui étaient d'avantage des freins au développement socio-économique des pays africains.
Pourtant, beaucoup d'Etats africains attendent,avec beaucoup d'impatience, l'aide du FMI ou de la BM. On l'a vu récemment avec la Côte d'Ivoire qui a été élue pays pauvre très endetté, et qui va recevoir des fonds à ce titre.
L'Afrique était mieux représentée, à Londre, qu'au dernier G20 de Washington, en Novembre dernier: il y avait le Président de la Commission de l'Union Africaine, Jean PING, le Président du NEPAD( Nouveau Partenariat Africain pour le Développement), le Premier Ministre Ethiopien Amel AZENAHOUI, l'Afrique du Sud représentée par son Président MOTLANTE.
Avant la tenue du G20, les pays africains avaient lancé un appel pour vendre une partie des réserves d'Or du FMI. Ce qui était, d'ailleurs, expressément demandé par Jean PING, le président de la Commission de l'Union Africaine. Pratiquement 403 tonnes d'Or vont être vendues, et 6 milliards de dollars vont être dédiés aux pays émergents. Ce qui est important, dès lors, c'est de revoir les conditionnalités qu'il faudra assouplir pour que les pays africains puissent accéder plus facilement à l'aide.
Ce G 20 vient de mettre un frein à l'offensive chinoise; de la Chine qui donnait de l'argent aux pays africains sans conditionalité.Et cet argent est directement injecté, à présent, par une contribution massive de la Chine dans le FMI.
Par ailleurs, avec ce G20 c'est le G8 qui disparaît, où les pays africains n'étaient pas représentés à la table.
On pensait que les pays africains n'allaient pas être touchés par la crise . C'était une mauvaise analyse de la situation économique de l'heure. L'Afrique vit pratiquement des produits d'exportation. C'est l'Occident qui consomment ces produits d'exportation. De ce fait, beaucoup de pays africains ressentent cette crise à travers leur balance de paiement, alors que les produits sont moins demandés sur le marché international.
Ce qu'il faut voir et croire, c'est que le FMI et la BM sont entrain de faire des efforts à cet effet, et l'Afrique va accéder rapidement à ces fonds. «Maintenant,le FMI va se concentrer sur les pays en voie en développement» dixit DSK, Directeur du FMI , déclaration qu'il avait faite au moment de sa prise de fonction au sein de l'Institution Internationale.
La question est: Comment le FMI va utiliser cet argent de mille milliards, et pour qui ?
Il faut savoir qu'il n'est pas utilisé que pour l'Afrique; notamment les pays de l'Europe de l'Est qui vont en bénéficier aussi. Car, certains sont en quasi faillite actuellement.
Jean Michel KOUROUMA, Journaliste à RADIO MEGA, Valence